Critères diagnostiques radiologiques


Localisation

La plupart des lésions présente une ou plusieurs localisations préférentielles. Ces localisations peuvent refléter certaines caractéristiques de la lésion, comme le type de tissu dont elle est issue, son comportement clinique, etc. Par exemple, une lésion mandibulaire située en-dessous du canal alvéolaire ne peut pas être d’origine odontogène car, pour des raisons embryologiques, les tissus odontogènes sont situés au-dessus du canal alvéolaire.

En présence d’une image suspecte, il faut rechercher d’autres images similaires : soit il s’agit d’une image isolée ou de quelques images localisées, soit il y a plusieurs images diffuses dans les maxillaires. Cette information présente un intérêt pour le diagnostic différentiel car des images généralisées correspondent le plus souvent aux manifestations d’une pathologie systémique. Face à des images localisées, on détermine s’il s’agit d’une image unique ou de lésions multiples, car il existe peu de lésions qui sont toujours multiples. On recherche également une image symétrique, car cela peut orienter vers une anomalie anatomique.

La littérature rapporte en général les localisations mandibulaires ou maxillaires, puis divise chaque arcade en deux quadrants et chaque quadrant en deux ou trois segments (régions antérieure, éventuellement canine, et postérieure). En raison de la variabilité du degré de précision des données rapportées et afin de pouvoir les synthétiser, ce travail retient quatre localisations principales : région maxillaire antérieure (incisivo-canine) et postérieure (prémolaire-molaire), région mandibulaire antérieure (incisivo-canine) et postérieure (prémolaire-molaire-ramus).


Limites

L’aspect des limites de la lésion est directement influencé par la nature et l’activité de celle-ci. En phase de quiescence, une lésion bénigne présente des limites bien définies ; à l’opposé, une lésion bénigne en phase inflammatoire possède un contour flou mais assez bien limité. Si la lésion a une croissance lente, on observe généralement une réaction de l’os adjacent se traduisant par un liseré d’ostéocondensation, voire par une sclérose.

Les limites d’une lésion se caractérisent également par leur forme. Une lésion qui se développe à partir d’un centre de croissance unique est arrondie ou ovale, tandis qu’une lésion qui se développe à partir de plusieurs centres de croissance présente un contour festonné ou polylobulé. La forme est également influencée par les structures anatomiques adjacentes, ce qui peut donner des formes très typiques comme pour le kyste naso-palatin ou le kyste osseux solitaire (cf. ces lésions).


Structure interne

La structure interne reflète le contenu de la lésion. L’aspect peut être totalement radiotransparent, totalement radio-opaque ou mixte. Les images radio-opaques sont souvent le reflet d’une pathologie osseuse, qui peut donner un aspect radiologique atypique à la trame osseuse en raison des modifications de l’épaisseur, de la densité, de la direction ou de la longueur des travées osseuses. Les structures mixtes sont le résultat d’une image radio-opaque qui se superpose à une image principalement radiotransparente. Il s’agit le plus souvent de calcifications, de structures odontoïdes ou de la persistance de septum ; la persistance de septum se traduit par une image multiloculaire dont les éléments sont de plus ou moins grande taille (rayons de miel, bulles de savon…).


Effet sur les structures adjacentes

Les structures adjacentes peuvent être refoulées, résorbées, ou laissées intactes par le développement de la lésion.

Les dents adjacentes auront tendance à être déplacées par une lésion à croissance lente ; la direction prise par les dents dépend de leur position par rapport à la lésion. Les racines peuvent également être résorbées si la lésion a un caractère agressif ; elles seront en revanche laissées intactes par une lésion à croissance très rapide, qui détruit l’os adjacent mais qui n’a pas le temps de détruire les racines des dents ; ceci s’observe surtout dans les lésions malignes. Une lésion à caractère invasif peut également envahir l’espace desmodontal et provoquer son élargissement ou la lyse de la lamina dura, visibles radiologiquement.

Les corticales osseuses sont lysées lorsque la lésion a un caractère agressif, tandis qu’elles sont soufflées lorsque la lésion a une croissance lente ; en réalité, cette modification de la forme des corticales est secondaire à une résorption osseuse au contact de la lésion associée à une apposition osseuse sous-périostée. On peut également observer d’autres formes d’apposition osseuse périphérique caractéristiques de certaines lésions (apposition en « pelures d’oignon », en « feu d’herbe » …).

Le canal alvéolaire peut être déplacé ; les déplacements s’effectuent avant tout vers le haut ou vers le bas, en fonction de la localisation initiale de la lésion. Il peut également être élargi si la lésion, au stade initial, siège à l’intérieur du canal.

Les espaces aériens maxillaires tels que le sinus maxillaire ou les fosses nasales peuvent être envahis.