Kyste anévrysmal

Synonymes

Définition et étiologie

Le kyste anévrysmal est une lésion non néoplasique qui touche principalement les os longs75, 77, mais 2% des cas intéressent les os du crâne, et 2/3 de ces cas les maxillaires11, 74, 76, 77. Son étiologie n’est pas connue11, 74, 75, 77. Il est constitué par des cavités remplies de sang et bordées par un stroma fibreux contenant des cellules géantes polynucléées, de la substance ostéoïde et de l’os fibreux 75-78. Le terme kyste anévrysmal reflète mal l’histopathologie de cette lésion car il n’est pas bordé par un épithélium et il n’a aucun point commun avec un anévrysme vasculaire74, 77 ; le terme anévrysmal a été employé initialement pour décrire l’importante expansion osseuse78.

Le kyste anévrysmal partage un certain nombre de caractéristiques radiologiques et histopathologiques avec le granulome central à cellules géantes11, 77-79, et il peut se développer en association avec celui-ci ou avec d’autres pathologies comme la dysplasie fibreuse, l’hémangiome central ou l’ostéosarcome11, 75, 78, 79. Une telle association est observée dans plus de 20% des cas77.

Epidémiologie et aspects cliniques

Le kyste anévrysmal est relativement rare dans les maxillaires, avec moins d’une centaine de cas rapportés dans la littérature76, 80 ; il représenterait 1.5% des pseudo-kystes non-odontogènes des maxillaires77. Il peut s’observer à tout âge, mais il touche dans plus de 80% des cas des individus de moins de 30 ans, avec un âge moyen de 18 ans lors de la découverte11, 75-78. On observe une distribution égale entre les sexes ou une légère prédominance féminine11, 75-78. Cliniquement, le kyste anévrysmal se manifeste par une tuméfaction osseuse à croissance rapide, généralement vestibulaire, qui peut s’accompagner d’une douleur ou de paresthésies11, 74-78.

Aspect radiologique

Les caractéristiques du kyste anévrysmal des maxillaires retrouvées dans la littérature sont souvent contradictoires, ce qui s’explique par un aspect radiologique assez variable et le faible nombre de cas rapportés76, 80.

Localisation. Le kyste anévrysmal s’observe à la mandibule dans 60 à 70% des cas11, 74, 76, 78. Il siège dans le segment postérieur dans plus de 90% des cas, y compris le ramus lorsqu’il se trouve dans la mandibule11, 76, 78.

Limites. Le kyste anévrysmal est bien délimité dans plus de 70% des cas et, dans la moitié des cas, il existe un fin liseré d’ostéocondensation11, 76, et présente un contour arrondi11.

Structure interne. Le kyste anévrysmal forme une image radiotransparente, le plus souvent multiloculaire pour les lésions de grande taille (en moyenne 5 cm76), avec de nombreux septum, par endroits mal définis, souvent perpendiculaires à la corticale, et réalisant un aspect en bulle de savon11, 75, 77, 78. Les lésions de plus petite taille (en moyenne 3,5 cm) sont généralement uniloculaires11, 76.

Effet sur les structures adjacentes. Le kyste anévrysmal de grande taille provoque une importante soufflure des corticales, principalement du côté vestibulaire11, 74, 76, 78, qui peut s’accompagner d’une lyse75, 77. L’expansion osseuse est plus marquée pour les kystes anévrysmaux que pour la plupart des autres lésions des maxillaires11. Le kyste anévrysmal peut également refouler les dents adjacentes ou provoquer une rhizalyse ; les dents concernées restant vitales11, 74-77. Au maxillaire, il a tendance à envahir le sinus maxillaire76, mais il reste séparé de sa lumière par la muqueuse sinusienne et parfois une fine corticale osseuse74.

Diagnostic différentiel radiologique

Certains auteurs conseillent d’effectuer des examens radiologiques tridimensionnels afin de contribuer au diagnostic différentiel : un examen tomodensitométrique permet de visualiser de fines corticales osseuses, et une IRM fournit des informations sur la nature du liquide contenu dans la cavité76. Dans le diagnostic différentiel, on doit évoquer :

Traitement

En raison de sa nature bénigne, il est recommandé de traiter le kyste anévrysmal par curettage ou énucléation, bien que les plus grandes lésions puissent nécessiter une résection partielle11, 74, 75, 77. Le taux de récidive est important, de 19 à 50% après un curettage, et de 11 à 25% après une résection11, 75, 77. Ce taux de récidive s’explique plus par les difficultés rencontrées pour éliminer la totalité de la lésion en raison d’un accès difficile et/ou du saignement abondant que par une propriété spécifique au kyste anévrysmal75, 77, 78 ; un curettage appuyé des parois de la cavité est recommandé pour diminuer le risque de récidive74, 75, 78. Celles-ci sont plus fréquentes chez le sujet jeune et s’observent principalement dans la premières année74, 75.

En raison de la forte tendance à récidiver, un suivi radiologique régulier est recommandé11, 75, 78, au minimum jusqu’à la réossification complète74.



Voir la bibliographie pour les références correspondant aux numéros en exposant.





Illustrations

Cas #1

Femme de 63 ans. En 2009, découverte et exérèse de volumineux kyste anévrysmaux siégeant dans le corps de la mandibule et dans la totalité du maxillaire.
(Crédit d'image : Dr Assini Eyogho et al.)


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