Kyste glandulaire odontogène

Synonymes

Plusieurs termes ont été proposés :

Définition et étiologie

Le kyste glandulaire odontogène est un kyste dysembryoplasique qui comporte des cellules secrétant du mucus, ressemblant à celles des glandes salivaires d’où le terme de kyste sialo-odontogène proposé par certains auteurs11, 38-42. La filiation avec les glandes salivaires n’a pas été établie, et les caractères histologiques suggèrent plutôt une origine odontogène à partir de l’épithélium adamantin réduit38, raison pour laquelle l’OMS préfère la dénomination de kyste glandulaire odontogène5, 38-42.

Epidémiologie et aspects cliniques

Le kyste glandulaire odontogène est un kyste rare11, 38, 39, 43 qui représente moins de 1% des kystes odontogènes41. Cette entité n’a été identifiée que récemment5, 41 et, auparavant, ce kyste était confondu avec d’autres kystes ou certaines tumeurs comme le carcinome muco-épidermoïde intra-osseux38.

L’âge de découverte se situe entre 40 et 50 ans11, 38, 39, 41. Une étude a rapporté un âge moyen de découverte plus précoce, ce qui pourrait être spécifique à la population africaine concernée par cette étude43. Il y aurait une légère prédominance féminine11, 38 ou une répartition équivalente entre les deux sexes39, 43. La dernière revue exhaustive de la littérature aboutit à un sex-ratio de 1.3M/1F 41.

Le kyste glandulaire odontogène provoque fréquemment une tuméfaction éventuellement accompagnée d’une douleur, probablement secondaire à la pression exercée sur les tissus38-41. Les symptômes sont souvent présents depuis plusieurs mois lors de la consultation initiale39. Les dents adjacentes répondent généralement positivement au test de vitalité ; cependant, la pression exercée par le kyste sur les structures neuro-vasculaires des dents peut conduire à un test de vitalité négatif38-40.

Aspect radiologique

L’aspect radiologique du kyste glandulaire odontogène est très variable et certains auteurs considèrent qu’ils n’a pas d’aspect spécifique39, parfois43 en interprétant les résultats de la publication d’un autre auteur38.

Localisation. Le kyste glandulaire odontogène est plus fréquent à la mandibule, dans la région antérieure11, 38, 39, 41, 43. La prédilection pour la région antérieure est remise en question par la dernière revue de la littérature41. Au maxillaire, la région préférentielle est la région incisive latérale - canine11, 43.

Le kyste est généralement situé dans la région péri-apicale, mais il peut se développer dans les espaces interdentaires38, tout en restant intra-osseux, sans relation directe avec le ligament parodontal38. Sa dimension horizontale varie de 2 à 16 cm (en moyenne 5 cm). Les lésions de grande taille ont un aspect souvent multiloculaire41, 43.

Limites. Le kyste glandulaire odontogène forme une image bien définie, entourée d’un fin liseré d’ostéocondensation périphérique11, 38, 39, 41, voire d’une limite sclérotique43. Le contour est régulier ou festonné11, 38, 39, 41 dans 13% des cas selon Kaplan et al.41.

Structure interne. Le kyste glandulaire odontogène se traduit par une image radiotransparente, uniloculaire ou multiloculaire11, 38, 39. La forme multiloculaire serait plus fréquente pour les lésions de grande taille43.

Effet sur les structures adjacentes.Le kyste glandulaire odontogène entraîne souvent une soufflure des corticales associée à une lyse partielle ou totale, en particulier pour les lésions de grande taille11, 38, 39, 41.

Le refoulement des dents adjacentes est fréquent (dans 22 à 24% des cas selon Kaplan et al.41). Dans ce cas, la lésion peut se présenter sous la forme d’une goutte siégeant entre des racines divergentes11, 40, 43. Comme ce kyste n’est jamais associé à une dent incluse et qu’il a tendance à déplacer des dents ayant terminé leur éruption, on considère qu’il se développe seulement après l’éruption des dents définitives43. Il n’a pas tendance à résorber les racines des dents adjacentes39, 40, 43, bien qu’une rhizalyse ait été observée dans quelques cas39, 40.

Diagnostic différentiel radiologique

Il doit faire évoquer les lésions suivantes :

Traitement

Le kyste glandulaire odontogène possède un comportement agressif et tend à récidiver après exérèse11, 38-41. Le taux de récidive est de l’ordre de 13.8%, mais ce chiffre est probablement sous-estimé car les cas rapportés n’ont pas systématiquement été suivis sur une longue période. Lorsque l’on prend en compte uniquement les cas dont le suivi a été correctement réalisé et documenté, le taux de récidive atteint 30%41. Le taux de récidive est proportionnel à la taille de la lésion (86.5% des récidives surviennent sur des kystes de grande taille), et il est plus élevé avec la forme multiloculaire (64.3% des récidives surviennent sur des kystes répondant à ces 2 critères). Les récidives s’observent en moyenne 3 ans après le traitement (0.5 – 9 ans) ; un suivi radiologique est donc recommandé pendant une longue période, 3 à 7 ans selon les auteurs38-41.

Pour certains auteurs, la forme multiloculaire aurait un caractère néoplasique : envahissement des tissus voisins et formation de kystes satellites ; ce caractère et divers éléments histologiques rapprochent le kyste glandulaire odontogène du carcinome muco-épidermoïde intra-osseux de bas grade39, 43. Comme l’énucléation conduit souvent à une récidive, quelques auteurs proposent d’effectuer une résection11, 39, 41. D’autres auteurs recommandent une approche plus conservatrice étant donné qu’il s’agit d’une lésion bénigne38. Le traitement chirurgical et la durée du suivi doivent donc être adaptés aux caractères du kyste41.



Voir la bibliographie pour les références correspondant aux numéros en exposant.





Illustrations

Cas #1

Sujet féminin, née en 1951. En 1993, découverte et exérèse d'un kyste glandulaire odontogène centré sur la racine de la 43 et s'étendant des apex de 42 à 44. L'OPT de contrôle à 6 mois montre une bonne néoformation osseuse.

En 1996, exérèse d'une récidive entre les apex de 42 et 43. L'OPT de contrôle à 6 mois montre une bonne néoformation osseuse.

En 1997, exérèse d'une récidive dans la région symphysaire. L'OPT de contrôle à 8 mois montre une bonne néoformation osseuse.

En 2001, exérèse d'une récidive dans la région apicale de la 43.

En 2006, exérèse d'une récidive dans la région 41-42. L'image lytique s'étendant sous les apex de 43-44 est une image construite.

En 2010, exérèse d'une récidive dans la région apicale de 43.


Kyste glandulaire odontogène Cas #1 Kyste glandulaire odontogène Cas #1 Kyste glandulaire odontogène Cas #1
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