Kyste nasopalatin

Synonymes

Définition et étiologie

Le canal naso-palatin, qui constitue au sens strict un passage dans le palais dur, contient habituellement le nerf et les vaisseaux naso-palatins, ainsi que des restes embryologiques du conduit naso-palatin, qui s’oblitère à la naissance 44-46. On pensait initialement que le kyste naso-palatin provenait de l’épithélium emprisonné lors du processus de fusion des trois bourgeons qui constituent le palais, mais il est généralement admis maintenant que ce sont les restes de l’épithélium du conduit naso-palatin qui donnent naissance à ce kyste6, 10, 44, 47, 48.

Plusieurs causes ont été suspectées de favoriser le développement d’un kyste naso-palatin, sans que l’on puisse identifier un facteur étiologique avec certitude : traumatisme, infection, prédisposition génétique, apparition spontanée 44, 46-48.

Lorsque le kyste se développe dans les tissus mous de la papille incisive, il est appelé kyste de la papille incisive 49. Dans la dernière classification de l’OMS de 1992 5, le kyste médio-palatin est considéré comme une forme ayant une localisation plus postérieure que celle du kyste naso-palatin, et le kyste médian antérieur du maxillaire comme une forme ayant une localisation plus antérieure 5, 11, 49 ; ces derniers ne constituent donc pas une entité à part. Certains auteurs pensent cependant que ces deux derniers kystes doivent être séparés du canal incisif par un pont osseux44.

Epidémiologie et aspects cliniques

Le kyste naso-palatin est le kyste non odontogène des maxillaires le plus fréquent, avec une prévalence d’environ 1% dans la population générale 10, 47, 48. L’âge de découverte se situe entre 40 et 60 ans 47. La littérature rapporte généralement une prédilection masculine avec un sex-ratio allant jusqu’à 3M/1F 47, 48.

La plupart des kystes naso-palatins sont asymptomatiques (25 à 50% des cas), et sont découverts de manière fortuite lors de traitements dentaires de routine 44, 45, 47, 48. Les symptômes, lorsqu’ils existent, sont discrets et donc longtemps tolérés par les patients44. Les plus fréquents sont constitués par10, 44, 45, 47, 48 :

Le kyste naso-palatin a une croissance lente, qui peut s’expliquer par un drainage intermittent du contenu kystique dans la cavité buccale45, 47. Il ne semble pas exister de corrélation entre l’âge du patient et la taille du kyste ou la symptomatologie44, 47, 48.

Aspect radiologique

Localisation. Le kyste naso-palatin est presque toujours situé dans le canal naso-palatin : il se projette donc entre les racines des deux incisives centrales supérieures10.

Limites. Elles sont généralement bien définies et souvent marquées par un liseré d’ostéocondensation, sauf si le kyste est en phase inflammatoire 10, 45, 48. Classiquement l’image a la forme d’un cœur de carte à jouer, due à la persistance de structures plus résistantes que l’os spongieux (épine nasale, suture palatine). Le kyste peut cependant se présenter sous une forme ovale ou arrondie 10, 44, 48.

Structure interne. Le kyste naso-palatin se traduit souvent par une image radiotransparente homogène. Quelquefois, le kyste peut contenir des calcifications dystrophiques11.

Effet sur les structures adjacentes. Le kyste entraîne souvent une divergence des racines des incisives centrales 10. Il peut parfois les résorber11, 48. Sur une vue latérale, on peut observer une soufflure des corticales vestibulaire, palatine ou nasale 10. La lamina dura des dents est préservée44, 46.

Diagnostic différentiel radiologique

Il doit faire suspecter les anomalies ou lésions suivantes :

Traitement

Le traitement de choix est l’exérèse, même dans les cas asymptomatiques, en raison du risque de surinfection et des complications consécutives à l’exérèse d’un kyste très volumineux44, 46, 48. Le traitement consiste en une énucléation par voie d’abord palatine10, 46, 48.

Certains auteurs préconisent une marsupialisation préalable pour les kystes de grande taille, en raison du risque de communication bucco-nasale ou de dévitalisation des incisives centrales10, 46, 48.

La principale complication postopératoire est une paresthésie dans la région palatine antérieure, provoquée par une lésion du nerf naso-palatin lors de l’intervention. Elle est observée dans moins de 10% des cas45, 48. Le taux de récidive rapporté dans la littérature se situe entre 0 et 11%47, 48. Un suivi sur 3 ans est recommandé45.



Voir la bibliographie pour les références correspondant aux numéros en exposant.





Illustrations

Cas #1

Sujet masculin, né en 1946. En 1995, découverte et exérèse d'un kyste naso-palatin.


Kyste naso-palatin Cas #1


Cas #2

Sujet masculin, né en 1959. En 2005, découverte d'un kyste naso-palatin. La kystectomie n'a pas été effectuée et on retrouve le kyste sur un OPT réalisé en 2010.


Kyste naso-palatin Cas #2 Kyste naso-palatin Cas #2 Kyste naso-palatin Cas #2


Cas #3

Sujet féminin. A l'âge de 68 ans, découverte d'un kyste naso-palatin.


Kyste naso-palatin Cas #3