Tumeur kystique odontogène calcifiante

Synonymes

Définition et étiologie

L’origine odontogène de la tumeur kystique odontogène calcifiante est largement admise ; la lésion se développerait à partir de l’épithélium odontogène ou de l’épithélium adamantin réduit56-60.

La tumeur kystique odontogène calcifiante est désormais classée par l’OMS parmi les tumeurs bénignes5, 11. La lésion peut se présenter sous une forme kystique ou sous une forme tumorale. La majorité des tumeurs odontogènes calcifiantes sont de type kystique avec une évolution bénigne ; la forme solide (tumorale) est aussi de nature bénigne11, 55, 57, 59, 60. Seulement 2% des tumeurs kystiques odontogènes calcifiantes passent de la forme kystique à la forme tumorale bénigne60. Il est généralement admis que les caractères néoplasiques ne sont pas présents lors de la formation de la lésion mais qu’ils sont acquis par la suite ; il existe encore une controverse sur ce sujet56, 57, 59.

Epidémiologie et aspects cliniques

La tumeur kystique odontogène calcifiante est une lésion relativement rare55, 57-59, 61 : elle représente de 0.4 à 2.1% des tumeurs odontogènes55. L’âge d’apparition présente 2 pics, le premier entre 10 et 30 ans et le second entre 50 et 70 ans11, 55, 57 ; le second pic dans l’âge d’apparition n’est pas observé par tous les auteurs60, 61. La distribution est identique dans les deux sexes56, 58-61.

Si elle n’est pas découverte précocement, la tumeur kystique odontogène calcifiante se présente comme une tuméfaction généralement indolore, à croissance lente. La palpation révèle une masse dure mais qui peut être souple si les corticales ont été résorbées ; dans ce cas, le patient peut signaler l’existence d’un écoulement du contenu kystique dans la cavité buccale11, 56-60. La tumeur kystique odontogène peut être associée à un odontome (cf. infra), surtout chez les sujets jeunes55, 57. La forme tumorale s’observe plus fréquemment chez les sujets âgés57

La tumeur kystique odontogène calcifiante est fréquemment associée à une dent incluse, dans sa position initiale ou déplacée par la tumeur11, 55, 58, 59, 61 ; la fréquence varie de 13 à 50% des cas selon les études59-61. L’association avec une dent incluse s’observe le plus souvent dans les secteurs postérieurs : ceci suggère que la lésion se développe après l’éruption des dents antérieures mais avant l’éruption des dents postérieures55.

Elle est fréquemment associée à une autre tumeur odontogène, en particulier un odontome11, 55, 57, 58, 60. Cette association existe dans plus de 20% des cas55, 56, 60. La bordure épithéliale de la lésion serait capable d’induire la formation de tissu dentaire dans la paroi conjonctive60.

Aspect radiologique

Localisation. 65 à 75% des lésions siègent dans la région incisivo-canine11, 55-57, 59-61. La taille moyenne est d’environ 3cm60.

75 à 85% des tumeurs kystiques odontogènes calcifiantes sont intra-osseuses (dites centrales), avec une répartition identique entre les deux maxillaires11, 55-61. Il existe une forme périphérique (ou extra-osseuse), comme pour d’autres lésions odontogènes (améloblastome…), qui se développe principalement dans la fibromuqueuse gingivale. Radiologiquement, elle se traduit par une image discrètement radio-opaque, renfermant parfois des calcifications accompagnées par une lyse osseuse sous-jacente en cupule.

Limites. C’est une lésion généralement arrondie, bien définie et entourée d’un liseré d’ostéocondensation périphérique ; elle peut aussi être mal définie et de contour irrégulier11, 55, 56, 59, 60.

Structure interne. . La structure interne est radiotransparente homogène ou présente des masses calcifiées plus ou moins grandes11, 56, 57, 59, 60 : 30 à 50% des lésions renferment des calcifications55, 59-61. Cette caractéristique est importante pour le diagnostic différentiel car peu de lésions radiotransparentes des maxillaires sont associées aussi fréquemment à de telles calcifications59, 61.

La tumeur kystique odontogène calcifiante est uniloculaire, mais elle comporte parfois des septum11, 55, 59. La forme multiloculaire représente 5 à 25% des cas selon les séries59-61 ; elle correspondrait à une étape avancée de l’évolution de la lésion57 et elle ne serait observée que dans les variantes néoplasiques62.

Effet sur les structures adjacentes. . La tumeur kystique odontogène calcifiante est associée à une dent dont elle bloque l’évolution57 dans environ 1/3 des cas 11, 55, 57, 59-61.

La tumeur kystique odontogène calcifiante peut déplacer (dans toutes les directions) et résorber les racines des dents adjacentes11, 55, 57-61. Ella a une tendance à provoquer une soufflure des corticales57, 59, 61 (dans près de 50% des cas selon Johnson et al.56) mais elle peut également les résorber11, 55, 59, 61.

La tumeur peut envahir le sinus maxillaire59, 60 et refouler vers le bas le canal alvéolaire59.

Diagnostic différentiel radiologique

Le diagnostic histopathologique est particulièrement important en raison de la grande variabilité de l’aspect radiologique55, 57, 59, 60. Dans le diagnostic différentiel, on peut évoquer :

Traitement

Le traitement recommandé est l’exérèse simple11, 56, 57, 59, 60.

La récidive est rare mais elle peut survenir jusqu’à 8 ans après l’exérèse : une surveillance radiographique est donc recommandée11, 56-60.

En cas d’association avec une tumeur odontogène, la nature de celle-ci détermine l’attitude thérapeutique57, 60.



Voir la bibliographie pour les références correspondant aux numéros en exposant.





Illustrations

Ne disposant pas des illustrations de cette lésion rare, nous avons demandé aux auteurs de différents articles cités dans la bibliographie l'autorisation d'utiliser leur iconographie. Nous sommes dans l'attente de leur réponse.